Grotte de
biques
La
Baume Courtinasse présente un profil singulier: c'est un couloir de
70 mètres de long, large de 5 à 10 mètres qui passe sous la crête
de Courtinasse dominant Creyers et qui la perce sur ses deux
flancs. Elle a permis la mise à jour d'une activité pastorale
régulière dès le néolithique aux 5ème et 4ème siècle avant J.C. Des
études menées par J.L. BROCHIER (Centre d'Archéologie Préhistorique
de Valence) ont montré que le site de la Baume Courtinasse n'était
pas un cas isolé dans le Diois: la Tune de la Varaime à Boulc ou la
grotte Antonnaire à Montmaur-en-Diois sont autant d'autre
grottes-bergeries d'altitude.
Ces sites, uniques
en leur genre, fournissent pour la première fois la preuve que la
caverne n'a plus lieu d'être considérée uniquement comme un site
d'habitat de l'homme préhistorique. Une série de découverte a
permis aux archéologues de mettre en lumière la présence de
troupeaux dans en ces lieux. Ainsi la baume Courtinasse a été, au
Néolithique, essentiellement occupée par les animaux domestiques.
La démonstration en a été faite par l'analyse du sédiment formant
le sol de cette grotte. Celle-ci a montré qu'il résultait dans sa
quasi-totalité de la minéralisation de fumiers organiques. Plus
précisément l'étude des poussières microscopiques a révélé qu'elles
provenaient du système digestif de petits ruminants, plus rarement
de grands herbivores. Or ces sédiments s'entassent dans la grotte
sur un à plusieurs mètres.
Le centre de grotte
est maintenant en effet quasiment comblé: elle est ainsi divisée en
deux salles reliées entre elles par un étroit conduit d'un ou deux
mètres de long par lequel il est possible de passer à plat ventre.
Ainsi, il n'est pas difficile de conclure qu'il y a nécessairement
eu en cet endroit parcage des animaux. Les scientifiques estiment
la taille des troupeaux de 30 à une centaine de têtes, la zone de
parcage ayant pu être d'environ 400 m². Aucun habitat d'altitude
n'étant connu au Néolithique et la taille des grottes ne permettant
pas l'installation de familles en plus des animaux, les
spécialistes ont aboutit à la conclusion suivante: un groupe humain
forcément réduit conduisait alors un troupeau dont l'importance
était sans rapport avec le faible nombre d'individus
l'accompagnant. De plus, l'étude des charbons de bois retrouvés sur
place suggère que certaines espèces (frêne, chêne, peuplier, orme)
étaient préférentiellement sélectionnées et récoltées pour nourrir
les animaux, soit à certaines saisons de carences, soit comme
complément alimentaire ? Preuve s'il en est du soin apporté aux
bêtes par ces bergers, transhumants d'autrefois qui ont
probablement été les initiateurs de la transhumance à travers le
Diois qui perdure encore aujourd'hui.
Note: La grotte transperce la crete de part
en part, n'hésitez pas à traverser !
Accés
: Rejoindre la piste située au
dessus de l'aqueduc du Serre (GC30GQM), la suivre jusqu'à la
plate-forme de retournement . De là, une sente bien marquée au
départ permet de rejoindre la crête (ne pas la dépasser). Plus on
monte plus la sente disparait mais il est facile de louvoyer entre
la végétation. Une fois sur l'arrête, la suivre jusqu'à la
grotte.
Attention : La piste
du col de Porte est interdite à la circulation peu aprés son départ
dans la première épingle après le village de
Menée.