Emile Cyprien Driant est né le 11
septembre 1855 à Neuchâtel sur Aisnes.
Militaire de carrière, Saint Cyrien, il mena une carrière
littéraire sous le nom du "Capitaine Danrit" (annagramme de son nom) puis une
carrière politique en tant que Député de Nancy à partir de
1910.
A l'âge de 59 ans, bien que dégagé des obligations militaires, il
demande à reprendre le service et à rejoindre le front. A l'automne
1915, il prend le commandement d'une demi brigade formant
corps constitué de deux Bataillons de Chasseurs à Pied (BCP): les
56ème et 59ème. Son ordre de mission est de tenir jusqu'au
bout le "Bois des Caures" qui occupe une légère
hauteur dominant le front et contrôlant une bifurcation
routière stratégique.
Homme
de franc-parler, il ne se gêne pas pour observer et formuler
des critiques sur l'organisation du secteur de Verdun. Ce qui
n'empêche nullement la poursuite du démantèlement des ouvrages de
la place fortifiée, alors même que les positions intermédiaires
étaient à peine esquissées.
Pratiquant
au milieu de ses Chasseurs un commandement d'une affectueuse
simplicité non dénuée de rigueur, il ne pouvait rien faire d'autre
qu'organiser son secteur et attendre l'orage qu'il voyait venir
avec une cruelle lucidité.
Le 20 février 1916, le Lieutenant Colonel Driant écrit, dans
sa dernière lettre à son Epouse (Fille du Général
Boulanger):
"Je ne t'écris que quelques
lignes hâtives, car je monte là-haut, encourager tout mon monde,
voir les derniers préparatifs. L'ordre du général Bapst que je
t'envoie, la visite de Joffre, hier, prouvent que l'heure est
proche et au fond, j'éprouve une satisfaction à voir que je ne me
suis pas trompé en annonçant il y a un mois ce qui arrive ! A la
grâce de Dieu ! Vois-tu, je ferai de mon mieux et je me sens très
calme. J'ai toujours eu une telle chance que j'y crois encore pour
cette fois. Leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut
encore reculer de plusieurs jours. Mais il est certain. Notre bois
aura ses premières tranchées prises dès les premières minutes, car
ils y emploieront flammes et gaz. Nous le savons, par un prisonnier
de ce matin. Mes pauvres bataillons si épargnés jusqu'ici ! Enfin,
eux aussi ont eu de la chance jusqu'à présent… Qui sait !
Mais comme on se sent peu de choses à ces heures
là...".
Le 21 février 1916 à l'aube, commencent les bombardements puis
cessent à 16h00, annonçant l'attaque de l'infanterie Allemande.
Bien que débordé, le bois des Caures tient bon et
Driant réorganise ses Chasseurs à partir de l'accalmie de
22h30. Les bombardement reprennent le lendemain et durent toute la
matinée. A midi c'est l'assaut par le dispositif Allemand qui
comprend trois corps d'armée.
Le 22 février 1916 vers 15h00 il ne restent que 80 survivants. Le
Colonel Driant ne manifeste aucune hâte depuis son poste de
commandement, s'arrête un moment au poste de secours puis, un peu
plus loin pour panser le chasseur Papin blessé. Parvenu au bord
d'un trou d'obus, où se terrent les sergents Hacquin et Coisne
avant de reprendre leur progression, le Colonel fait le coup de feu
dans la position du tireur à genoux, une caisse de grenades à
portée de la main: c'est le suprême recours lorsque les armes
deviennent inutilisables.
Des schrapnells éclatent au-dessus d'eux, les Allemands sont de
plus en plus nombreux et se rapprochent. Le Colonel Driant tourne
sur lui-même et tombe, face au bois, frappé à la tête. Ecartant la
terre avec leurs mains, les deux sous-officiers rampent jusqu'à
lui, mais se rendent compte qu'il est trop tard !!! Très vite, les
Allemands surviennent et les font prisonniers.
La consigne était de tenir
jusqu'au bout et elle fut respectée......
Complainte du barde breton Théodore Botrel à l'honneur
du Colonel Driant et de ses Chasseurs du 56e et 59e
BCP:
" Repose,
calme et confiant - ô Driant !
La Terre où tu
dors ne sera plus dans un an terre Allemande
!
Tes petits
Chasseurs, tes Enfants, tes Vengeurs seront triomphants
!
Avec toi mort, ils entrent vivants, dans la
légende !"
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